De l’Ethiopie à la France en passant par le Danemark….
Etiyé Dimma Poulsen est née en Ethiopie dans la province des Aroussis et vit jusqu’à l’âge de six ans dans cette région. Ses parents s’installent ensuite en Tanzanie puis au Kenya. A l‘âge de quatorze ans, elle déménage avec sa famille au Danemark.
Elle étudie l’histoire de l’art à l’université, puis enseigne l’art. Dans un premier temps, Etiyé Poulsen se consacre à la peinture à l’huile sur toile en peignant des paysages. On lui fait bien sentir qu’il n’y a pas de place pour elle sur le marché, raison pour laquelle elle a arrêté de peindre à contre-coeur.
Elle déménage à 22 ans en France, où elle rencontre le céramiste Michel Moglia, qui l’initie aux structures métalliques.
Sa première sculpture est née par hasard…
La première sculpture est née par hasard il y a quinze ans. Elle jouait avec un morceau de treillis métallique auquel elle donna une forme conique. Par la suite recouvert de terre et cuit selon un mode de cuisson particulier que lui enseigne Michel Moglia, le petit grillage ainsi transformé, devient le premier personnage du peuple mystérieux qui compose l’œuvre d’Etiyé Dimma Poulsen.
Depuis, elle a affiné sa démarche créatrice tout en gardant la ligne élancée de sa première sculpture. Elles sont toutes faites de la même trame, entourées d’une sorte de grillage maintenu par une structure de fer à béton et recouvert d’une fine couche d’argile. Etiyé Dimma Poulsen ne sculpte que des corps prolongés par une petite tête qu’elle habille de pigments naturels, déclinés dans des camaïeux d’ocre, de rouge, de beige, de brun ou de bleu.
Elle représente des figures dans leur essence primaire…
“J ’essaie toujours de façonner ou représenter des figures dans leur essence primaire.”
Des êtres dans leur aspect le plus nu, le plus primitif, comme symboles de la condition existentielle fondamentale:la solitude, la crainte, le désir.”
Chez Etiyé, les silhouettes sont épurées, démembrées, sans aucun artifice. les yeux se dessinent d’un simple trait qui donne au visage un regard lointain et mystérieux.
Son moment préféré est magique: la fusion des éléments la terre et le feu…
L’étape qu’elle considère comme la plus excitante de son travail est celle de la cuisson et de la sortie du four où ses personnages cuisent à mille degrés. Elle est fascinée par ces personnages qui émergent des cendres après la cuisson; mais aussi les couleurs qui sont générées dans les procédés chimiques naturels.
Elle puise son inspiration dans l’art traditionnel africain mais aussi de l’art grec ancien (mycénien), des Vénus préhistoriques, de l’art oriental, etc….
C’est à son arrivée en France qu’Etiyé découvre les arts africains à Paris au Musée des Arts d’Afrique et d’Océanie et au Musée Dapper. Si elle reconnaît que l’habillage de ses sculptures peut être inspiré par les arts premiers, il l’est autant des arts d’Afrique que d’Océanie, notamment des arts aborigènes.
“Mon travail a des affinités avec certains arts d’Afrique, mais en même temps cela ne veut rien dire. Les formes élancées m’ont toujours parlé, peut-être font-elles écho à des images d’enfance, mais on ne peut rattacher ce travail de recherches formelles à une culture ou à une autre. Il est vrai que la surface craquelée de mes sculptures est proche de ce qu’on peut retrouver en Afrique sur les maisons en banco dont la terre est séchée et craquelée par le soleil, mais ce n’est pas une raison pour m’étiqueter artiste africaine, cela ne veut rien dire !”