Anne Mukuria, Fondatrice de African Flair

Art Kelen
4 min readNov 7, 2019

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Pouvez-vous vous présenter?

Je suis Anne Mukuria, kenyane et originaire d’une communauté où les activités de tissage viennent soutenir le peu de revenus que nous tirons de nos activités agricoles. J’ai grandi en voyant ma grand-mère tisser. Suite à mon expérience salariée peu gratifiante et épanouissante, j’ai saisi l’opportunité de commercialiser l’activité la plus répandue de notre communauté, le tissage.

C’est ainsi que la structure Wendo est née. Comme pour la plupart des jeunes pousses, vendre son idée et trouver du financement de la part de proches ou de de la famille constituait un obstacle. Étudiante de premier cycle, le conseil que je recevais était de commencer par obtenir un emploi salarié afin d’acquérir de l’expérience et de faire des économies.

Quel est le nom de votre marque? Pourriez vous présenter votre équipe?

Les femmes avec qui je collabore ont formé un groupe communautaire appelé Wendo SHG, mais notre marque officielle est African Flair. Nous sommes deux groupes de 30 femmes. Nous travaillons également avec 4 hommes qui effectuent le travail du cuir présent dans les paniers kiondo.

Nous sommes autodidactes mais comme indiqué précédemment le tissage est une activité qui se transmet de générations en générations dans notre communauté. De temps en temps, nous essayons de nous former à réaliser de nouveaux modèles principalement via youtube. De plus, à travers les mariages mixtes, nous apprenons et partageons ce métier car différentes tribus et communautés ont des styles de tissage différents. Grâce à ces expériences d’apprentissage, nous avons réussi à former une équipe unique de femmes qui s’efforcent de faire une différence dans leur vie et dans celle de leur famille par le biais du tissage.

Comment travaillez-vous?

Je travaille de la maison. Cependant, lors de la production, je me rends à l’atelier pour contrôler et évaluer la qualité du tissage et du produit final. Une fois la production finale terminée, je fais ensuite l’emballage et l’envoi des paniers à leurs différentes destinations.

Comment vendez-vous?

Ma niche est le marché international et je trouve mes clients via Instagram. En effet, de tels travaux manuels sont rarement réalisés à l’échelle internationale et nous essayons donc d’exposer notre travail aux plus grand nombre gens afin qu’ils l’apprécient et le soutiennent. Instagram est la première plateforme de médias sociaux qui relie notre travail à notre clientèle internationale.

Une fois les commandes finalisées avec les clients, je les transmets aux villageoises. Nous communiquons aux clients des mises à jour hebdomadaires sur la progression du travail notamment par l’envoi d’images. Grâce à cet engagement interactif avec les clients, nous sommes en mesure de créer et de produire des œuvres d’art raffinées selon les préférences de chaque client. A noter qu’en fonction de la période de l’année, nos femmes peuvent être occupées dans les exploitations agricoles à planter ou à récolter, ce qui peut allonger la durée des commandes. Raison pour laquelle il est essentiel et impératif de tenir le client informé de l’évolution de sa commande.

Quelles difficultés rencontrez-vous?

Voici les points principaux:

  • Les femmes peuvent être moins disponibles car occupées par leurs activités agricoles
  • Il y a un manque de machines appropriées pour préparer la matière première pour le tissage.
  • On connaît également un manque de capital : Les conditions d’obtention sont strictes et mon activité est considérée à risque et démodée! J’ai cependant réussi à franchir ces obstacles grâce à mes économies et au fait que j’ai réinvesti dans le business.
  • L’internet non fiable frustre parfois notre activité en ligne.
  • Les lieux où les ressources poussent naturellement sont difficilement accessible : La principale matière première est le sisal, que l’on trouve généralement dans les zones arides de l’est de notre pays. Normalement, il pousse naturellement, mais récemment, les gens ont commencé à cultiver la plante. L’accès à ces zones arides est un véritable défi en raison de la médiocrité du réseau routier et des conditions climatiques difficiles, associées à des serpents venimeux qui sont synonymes de cette région. Nous connaissons aussi des défis logistiques lors de la livraison des colis à l’étranger.

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