Pourriez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours en quelques mots ?
Joe OKITAWONYA MALANDY d’origine congolaise et diplômé de l’Ecole Supérieure des Beaux Arts d’Alger. Afin de définir qui je suis, j’aime à dire que je suis né deux fois : biologiquement au RD Congo et artistiquement en Algérie. Je me définis comme un rêveur provocateur et le père fondateur du poingeisme.
Pourquoi avez-vous choisi ce métier ?
C’est le métier qui m’a choisi. Mais mon père Pie MALANDY MAWEJA étant architecte, j’ai baigné dans un environnement rempli de bactéries artistiques.
Lorsque j’ai eu l’âge d’aller au Lycée, mon destin était déjà tracé. Je suis entré à l’Académie des Beaux Arts de Kinshasa où j’ai obtenu mon Bac Artistique.
En tant qu’artiste, comment vous définiriez-vous?
Je suis artiste poingeiste. Le poingéisme est un mouvement artistique que j’ai créé en 2010 qui prend racine sur le point G. Le point G est une dénomination qui a été citée pour la première fois en 1983 par ADDIEGO en hommage au Docteur GRAFENBERG qui mit en évidence l’existence de cette zone érogène chez la femme en 1950. Et comme je considère la peinture comme une femme, je suis à la recherche du point g de la « femme peinture ». Le poingeisme est également un état d’esprit (communiquer, penser, se vêtir poingeisme et être poingeiste), qui est codifié par des émotions ressenties par l’artiste afin de le rendre accessible à son public. C’est un partage de sentiments et d’engagement.
Qui vous a influencé ?
Je suis influencé par le mouvement cubisme non pas par rapport à Picasso mais par rapport à ma culture ancestrale. En effet, l’art africain, depuis la nuit des temps, a toujours été cubique.
Par son approche esthétique où l’objet n’est pas représenté tel qu’il apparaît mais par des codes correspondants à sa réalité connue.
Quels sont les artistes que vous admirez? Qui vous ont inspiré?
Plusieurs artistes m’ont inspiré techniquement et intellectuellement comme Picasso, Amine LABTER, Barly BARUTI, Claudy KHAN, Hamza BOUNOUA et bien d’autres…..
Vos proches vous ont-ils toujours soutenu dans vos choix?
Oh oui sans conteste. Et mon premier soutien est mon père. Ma famille m’a toujours accompagné dans mon long chemin artistique. Et j’ai également pu compter sur l’appui d’ami(e)s.
Que reflètent vos oeuvres? Comment les présenteriez-vous?
Mes œuvres reflètent mes pensées, mes engagements qui me permettent aussi de me positionner par rapport à la société contemporaine. Le fil conducteur de mon inspiration est la défense des droits des femmes car pour moi la femme a un rôle essentiel dans le développement d’un pays. Durant des siècles les religions monothéistes ont toujours mis en avant la paternité de Dieu et je crois qu’il est temps de parler de la maternité de Dieu. Le fait d’avoir tout créé c’est comme l’avoir accouché. Ma philosophie poingeiste me pousse alors à dire que Dieu a créé la femme et que la femme a mis au monde l’homme.
D’où vient votre inspiration?
Les femmes sont mon moteur d’inspiration.
Comment travaillez-vous? Quelles sont les étapes de votre création?
Avant toute étape de création, je me mets en situation d’un homme prêt à faire l’amour à sa femme en commençant par les préliminaires ; ce qui consiste à réaliser des croquis sur une feuille vierge. Ensuite, je passe à l’étape de tendre la toile sur le châssis ; ce qui correspond à l’étape de déshabiller une femme tout en caressant son corps. Et lorsque la toile est bien tendue, je suis dans un état d’excitation d’un homme face à une femme nue. Une tension monte de peur de ne pas réussir à satisfaire la « femme peinture ». Le croquis réalisé sur la feuille est transmis sur la toile correspondant à l’acte sexuel entrecoupé de pénétrations matérialisées par la couleur.
Quelle est l’étape que vous préférez dans la réalisation?
L’étape que j’affectionne est celle de la pénétration et c’est lorsque je fais chanter la ou les couleurs.
Lorsque vous débutez une création, avez vous une idée précise de l’aboutissement souhaité?
Non, c’est toujours une surprise.
Quelle est votre particularité, votre singularité? Comment définiriez-vous votre art, vos créations?
J’aime la couleur mais dominée par les couleurs primaires. J’utilise la calligraphie, une de mes spécificités. Le thème phare de mes peintures c’est la femme que je représente très souvent sans visage pour que toutes les femmes puissent s’identifier à mes peintures. Mon art est aussi dans l’air du temps, très impliqué dans les luttes de notre société actuelle.
Quelle est l’oeuvre phare de vos créations?
J’aime toutes mes peintures : en effet, un père aime tous ses enfants sans distinction. Toutefois, mes deux œuvres phares qui m’ont permis d’accéder à une autre dimension artistique : la fresque du bleu de Mouni et le Guernica de Joe qui font partie des collections de la banque société générale d’Alger.
Etes vous dans des associations, des groupes, des collectifs ou autres d’artistes? Si oui, pourquoi?
Je suis engagé dans des différentes associations dans mon lieu de résidence actuel. Je suis père fondateur d’un festival d’art africain à Lyon : le festival NGOMA. Je suis également administrateur d’une association à Saint-Etienne « Centre Interculturel Mille et une voix » porteur d’un projet citoyen facilitant le vivre ensemble et une citoyenneté active d’habitants qui est amené parfois à utiliser l’art comme un outil d’expression face à différents maux rencontrés dans leur quotidien. Je suis également bénévole dans une association qui se nomme « les moyens du bord » à Saint-Etienne où je suis amené à partager mon savoir faire artistique.
Quels sont vos projets en cours?
Je suis en train d’écrire trois livres : la suite de l’Evangile selon Joe, les pensées pongeistes en collaboration avec des artistes de renom : Barly BARRUTI et Amine LABTER que j’aime appeler affectueusement le « génie du Nord ». Un troisième livre : le procès d’un cochon.
Et bien d’autres car je suis un grand rêveur….qui fourmille de pleins d’idées.