Portrait de CasziB.

Art Kelen
6 min readAug 29, 2016

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Peux-tu te présenter ?

Je suis Casimir Balibié Bationo dit CasziB, artiste peintre Burkinabé, j’appartiens à l’ethnie l’ethnie Lélé et je suis originaire du nord-ouest du Burkina Faso.

Je suis né en Côte d’Ivoire en 1982. Je vis et travaille à Meknès, au Maroc, depuis novembre 2015.

Pourquoi as-tu choisi ce métier?

J’ai commencé à dessiner dès l’école primaire où je passais énormément de temps à faire des illustrations. Très rapidement, j’ai souhaité découvrir d’autres domaines artistiques. Arrivé au Burkina, j’ai été orienté vers une italienne qui donnait des cours de dessins de modèles vivants. Cela m’a ouvert les yeux sur un univers nouveau avec plusieurs dimensions à explorer. Je me suis pris au jeu sans savoir que j’allais devenir un artiste reconnu.

En tant qu’artiste, comment te définis-tu?

J’aime découvrir le monde et le retranscrire à ma manière dans mes toiles. Je suis un peintre de la nature qui prend son inspiration dans la nature humaine.

Mon art tourne en rond, il est ni carré ni droit, en apparence dénué de sens et pourtant le mouvement en spirale, c’est bien là, le sens, l’essence, de mon œuvre.

Quel est ton parcours?

Je suis autodidacte mais comme je le disais précédemment, pendant cinq années j’ai suivi des cours de dessins de modèles vivants en peinture et en dessins qui m’ont permis d’acquérir les techniques d’art. J’ai également effectué différents stages de peintures, photographies, cinéma d’animation avant de me former à la peinture contemporaine pendant trois années durant lesquelles j’ai appris des techniques décisives pour la pratique de mon art.

Malgré les difficultés rencontrées, j’ai persévéré car j’avais l’intime conviction que j’étais dans la bonne direction.

Quels sont les artistes que tu admires? Qui t’ont inspiré?

Plus jeune, je bouquinais énormément, notamment les œuvres de Van Gogh, Picasso, Dali. J’admirais le travail de ces artistes de renommés et très vite, j’ai voulu imposer ma façon de travailler, je souhaitais avoir mon propre univers afin de me distinguer des autres. Ces artistes m’ont donc inspiré et m’ont également permis de me dépasser.

Tes proches t’ont ils toujours soutenu dans tes choix?

En fait, je ne leur ai pas laissé le choix. Le domaine artistique, depuis tout petit, était ma passion donc il était logique, pour moi, d’évoluer dans cette voie. J’avais l’intime conviction que j’évoluerai dans ce domaine. Même si certains membres de ma famille ne comprenaient pas mon choix et auraient préféré que je fasse de longues études, ma décision a toujours été irréversible. Aujourd’hui, ils ont accepté et me soutiennent.

Que reflètent tes œuvres?

Je travaille beaucoup sur l’humain. J’aime observer les visages, les regards que je retranscris au travers d’ambiances colorées et rythmées ; comprendre et illustrer la relation à l’autre qui qu’il soit, riche, démuni ou opprimé.

Je suis sensible aux thématiques relatives à la migration, à la traversée des espaces.

Je souhaite capter le regard intérieur et extérieur des personnes en difficultés, y ajouter de l’imaginaire et de la créativité.

D’où te vient ton inspiration?

Mon inspiration est multiple dans le sens où je suis un artiste « nomade ». L’inspiration née du pays ou de la ville dans laquelle je me trouve quand je travaille. J’observe, je contemple, j’interroge du regard. Ce même regard qui capte celui des autres que je retranscris ensuite dans mes toiles.

Mon imaginaire se nourrit de ces diverses rencontres humaines et artistiques qui me permettent cette vie “nomade” entre le continent africain aux facettes multiculturelles et mes incursions en Europe. Ma peinture a donc une dimension universelle sans cesse en mouvance comme l’est le monde. Ainsi, chacun peut se sentir concerné par les images que je représente.

Lorsque tu débutes une création, as-tu une idée précise de l’aboutissement souhaité?

La plupart du temps, je débute avec une idée assez précise de ce que je souhaite dessiner mais évidemment en cours de route le dessin évolue au gré de mes questionnements, de ma relation avec la toile, car oui, je communique avec elle. Je suis attentif aux ingrédients dont elle a besoin et à quel moment elle en a besoin. Je fais également des tests couleurs et de matières… Ce sont des éléments que je ne peux pas maitriser en début de travail.

J’aime bien acheter les toiles brutes et les préparer mais également les confectionner. Je considère cette étape comme faisant partie intégrante du processus de création. Il m’arrive aussi de récupérer des planches de bois et de leur donner une seconde vie. Je dessine aussi sur du papier canson.

Mais comme rien n’est figé et que chaque toile a son histoire, il m’arrive aussi, d’en débuter une sans idée précise….le mouvement se répète jusqu’à créer un regard, une expression, un visage…

Quelle est ta particularité ?

J’aime que l’on découvre mon travail comme un parcours où chacun y interprète les histoires, les visages et les regards représentés. C’est comme se lancer dans un voyage qui soulève des interrogations mais qui déclenche aussi des désirs de rencontres.

Chacune de mes toiles est différente, d’ailleurs je ne souhaite pas de traits communs entre elles. Je veux que chaque tableau dégage une énergie différente et inspire un nouveau voyage.

Quelle est l’oeuvre phare de tes créations?

J’ai créé énormément de toiles et je pense les avoir toutes en mémoire. Je les apprécie toutes autant et il m’est impossible de les hiérarchiser. Chacune d’elles me définit et caractérise mon univers artistique. Tous mes tableaux ne font qu’un au final, ce sont MES créations.

Où travailles-tu?

Je me suis aménagé un espace à la maison. Idéalement il est préférable d’avoir un grand espace mais j’ai pu aménager le mien à ma convenance.

Adhères-tu au sein d’associations, de collectifs ou autres?

Quand je vivais au Burkina Faso, je faisais partie de plusieurs associations (notamment la plus connue, Hangar 11). Mais avec le temps, nous nous sommes tous plus ou moins éparpillés, depuis je n’adhère plus à aucun groupe. Néanmoins, je participe à des ateliers et des résidences ce qui me permet de rencontrer d’autres artistes.

T’intéresses-tu à d’autres formes artistiques et à d’autres formes de culture?

Je suis très sensible aux travaux de sculpture en bois, fer forgé et récupération d’objets en fer forgé. Je pense que un jour ou l’autre, j’arriverai à la sculpture.

Quels sont tes projets en cours?

J’ai une exposition qui débute au mois d’Octobre en Ardèche et une autre aux Etats Unis en début d’année prochaine.

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